Le secteur des batteries pour véhicules électriques témoigne d’un dynamisme qui, ces prochaines années, va se traduire par la création de milliers d’emplois dans les Hauts-de-France. La région doit en effet accueillir 4 gigafactories faisant appel à une main d’œuvre nombreuse et qualifiée. 3 000 emplois directs devraient être créés par ProLogium à Dunkerque, 2 000 par ACC à Billy-Berclau-Douvrin, 1 200 par Envision à Douai, et 1 200 par Verkor à Dunkerque. Il faut y ajouter les emplois attendus dans les deux usines de recyclage qui s’implanteront à Dunkerque. Au total, 17 000 à 21 000 emplois seront à pourvoir à l’horizon 2030.
La filière batterie compte 5 branches d’activités (métallurgie, chimie, caoutchouc, recyclage, plasturgie / composites) impliquant une main d’œuvre très qualifiée. Pour que celle-ci soit pleinement opérationnelle, il est nécessaire de développer des formations à ces nouveaux métiers qui exigent des compétences spécifiques. Face à cet enjeu, 40 partenaires industriels et académiques ont lancé le projet Electro’Mob qui doit permettre de dispenser 11 000 modules de formation auprès de 8 000 personnes, dont de nombreux jeunes, demandeurs d’emploi et salariés en reconversion issus de la région. Généralement de courte durée (2-3 jours), ces formations permettent de sensibiliser les opérateurs et techniciens aux gestes métiers adaptés, et les ingénieurs aux principes généraux de fonctionnement du véhicule électrique. Elles sont le plus souvent proposées par des organismes de formation orientés vers l’automobile ou les énergies nouvelles, et développant de nouveaux modules spécifiques dédiés à la batterie électrique.
S’agissant des jeunes, certaines formations (Bac Pro, CAP, BTS, DUT, etc.) orientées vers des métiers types (maintenance industrielle, chimie, électrotechnique, génie électrique, etc.) sont pour partie adaptées à la filière batterie.
DANS LES GIGAFACTORIES, UNE DIVERSITÉ DE MÉTIERS
Les gigafactories réunissent une trentaine de métiers. Certains profils et compétences sont très recherchés, notamment pour les postes d’opérateurs, techniciens, ingénieurs et managers, liés en particulier à la sécurité, la maintenance, aux technologies de procédés industriels et à l’électrochimie.
Au sein des gigafactories, les métiers touchent à 4 grands domaines.
La chimie :
- Chercheurs en chimie
- Techniciens formulation
- Techniciens en génie des procédés chimiques
- Conducteurs d’équipement de fabrication
- Pilotes d’installation industries de process
- Superviseurs d’équipe de fabrication
- Techniciens de maintenance industrielle
- Spécialistes ingénierie des procédés
- Responsables industriels
- Responsables Hygiène-Sécurité-Environnement (HSE)
- Acheteurs
La plasturgie et composites / caoutchouc :
- Spécialistes process/ industrialisation
- Concepteurs produits nouveaux
- Techniciens de production
- Régleurs de machines de transformation en plasturgie
- Conducteurs de ligne/ Responsables d’îlot de transformation en plasturgie
La métallurgie :
- Management et ingénierie d’études, de R&D
- Ingénieurs thermodynamiciens
- Ingénieurs automatismes, robotique, informatique industrielle
- Intervention technique en études, R&D
- Ingénierie et études en méthodes, industrialisation
- Management de production, management technique
- Techniciens méthodes, industrialisation
- Intervention technique en automatismes, robotique, informatique industrielle
- Intervention en maintenance d’équipements industriels
- Intervention technique en contrôle qualité
- Acheteurs industriels
Le recyclage :
- Responsables laboratoire
- Conducteurs de process
Des métiers utiles qui ont du sens
Les emplois proposés dans les gigafactories s’insèrent dans le contexte global de la transition écologique et énergétique. Travailler dans cet univers offre la possibilité de contribuer concrètement et activement à l’avènement d’une société plus vertueuse au plan environnemental. Les gigafactories se mettent en effet au service d’une mobilité en grande partie décarbonée, basée sur les transports électriques. Chaque professionnel participant à cette filière est un maillon essentiel d’une longue chaîne industrielle entièrement dédiée à la transition. Y participer, c’est s’engager pour un monde plus respectueux de l’environnement, et c’est donner du sens a son parcours professionnel.
FOCUS SUR DEUX ÉCOLES DÉDIÉES À LA MOBILITÉ DANS LES HAUTS-DE-FRANCE
Si l’offre de formation actuelle ne permet pas encore de répondre à l’ensemble des besoins en compétences au sein des gigafactories, différents acteurs académiques ont uni leurs forces pour lancer le projet Electro’Mob. Cette démarche ambitieuse doit permettre de structurer une offre de formation ad hoc, afin de faire face aux besoins en main d’œuvre qualifiée. Elle permettra de dispenser 11 000 modules de formation auprès de 8 000 personnes issues principalement de la région des Hauts-de-France (jeunes, demandeurs d’emploi, salariés en reconversion).
Outre cet effort ciblé sur certaines qualifications, deux outils de formation plus généraux sont d’ores et déjà opérationnels.
Le Battery Training Center propose un cursus de 400 heures de formation aux demandeurs d’emplois et aux ouvriers de l’industrie automobile souhaitant se reconvertir dans les métiers de la batterie électrique. Le programme de formation comprend 4 semaines en centre de formation, et 7 semaines au sein de la gigafactory ACC de Douvrin, permettant d’acquérir les compétences spécifiques requises pour la fabrication de batteries. Au terme de leur cursus, les stagiaires obtiennent un certificat de qualification professionnelle. La première promotion, constituée de salariés du site de Stellantis Douvrin, a été accueillie le 9 mai 2023. Le Battery Training Center prévoit de former 600 salariés en reconversion d’ici 2025, à raison de 40 par session.
L’École de la Batterie est l’autre grand acteur de cet important effort de formation. Créée en novembre 2022, elle ambitionne de former une nouvelle génération sur toute la chaîne de valeur de la batterie, des matières premières à la réparation et le recyclage, en passant par la production. Pensée comme une « école en réseau », elle coordonne 16 acteurs spécialisés, dont les entreprises de l’écosystème de la batterie, des pôles de compétitivité, des clusters, des laboratoires et des organismes de formation. Elle prévoit de former chaque année 1 600 personnes dans le cadre de 100 formations initiales et continues. Ses programmes de formation s’adressent à des personnes de tout niveau de qualification, du CAP au doctorat.
LES GIGAFACTORIES, PIONNIERS DE L’INDUSTRIE 4.0
Dans une gigafactory, tout diffère radicalement d’une usine de fabrication de moteurs thermiques. 80 % du travail productif est effectué dans un environnement ultra technologique et hautement sécurisé afin de garantir les conditions de production les plus sûres. Dans ces salles extrêmement saines, la tenue blanche du technicien remplace le bleu de travail de l’ouvrier.
Les gigafactories propulsent l’usine que nous connaissions vers la quatrième révolution industrielle et ce que l’on appelle « l’industrie 4.0 ». Celle-ci repose sur neuf piliers technologiques :
- Le Big data et l’analytique basée sur l’IA (acquisition d’information).
- L’intégration horizontale (mise en réseau des machines et des systèmesd’une ligne de fabrication) et verticale (connexion de tous les niveaux de production).
- Le Cloud computing (stockage et partage des données et informations).
- La réalité augmentée (sélection de pièces dans un entrepôt grâce à la robotique).
- L’Internet des objets industriel (connexion des différentes composantes d’une usine).
- La fabrication additive et l’impression 3D (production d’articles uniques en interne à moindre coût).
- Les robots autonomes (adaptation de leurs actions à chaque nouveau produit).
- La simulation et le jumeau numérique (copie numérique d’un objet pour le tester et le manipuler).
- La cybersécurité.
La France a adopté en 2015 un programme national visant à accompagner la modernisation de l’outil de production et la transformation numérique des entreprises industrielles. L’objectif de ce programme est de favoriser la relocalisation des activités industrielles et de gagner en compétitivité. Il doit notamment permettre d’intégrer les technologies digitales intelligentes dans la production et les processus industriels.